Interview Dayclic : Le Freelance

Nouvel extrait du live Dayclic où antho_parle_web m’a questionné sur mon activité de freelance.

Pourquoi être freelance ?

Pourquoi tu as commencé ton activité de freelance et pourquoi est-ce que tu continues finalement ?

Quand j’ai commencé, j’étais toujours dans mes études et je m’étais mis freelance parce qu’on me demandait de créer des petits trucs et j’avais besoin d’avoir un statut pour recevoir les paiements et à l’époque un nouveau statut venait d’être créer pour ce genre de besoin : L’auto-entrepreprise. J’ai commencé petit à petit sans forcément que ce soit une activité à temps plein, je faisais ça le soir et les week-ends pendant mes études ou mon travail.

Quand mon premier CDI c’était terminé, les démarches pour obtenir le chômage m’ont semblées trop compliquées (surtout cumulé avec le statut d’auto-entrepreneur), du coup, je me suis dit que c’était le bon moment pour essayer de faire du freelance mon activité principale. La transition s’est du coup faite comme ça, mais je ne partais pas de rien car j’avais acquis des clients au fil des années. La transition s’est donc faite de manière plutôt fluide dans mon cas grâce à ça.

Actuellement, tu continues. Pourquoi ? Parce qu’en fait, c’est une habitude ? À aucun moment, tu t’es dit, j’aimerais bien peut-être tester le salariat ?

En fait, le truc que j’aime vraiment, c’est le côté liberté au niveau des horaires, même si au final, on réalise assez rapidement qu’on finit par faire beaucoup plus d’heure. Mais l’avantage, c’est que si une semaine je veux ne rien faire, je peux le faire et c’est ce côté-là que j’aime bien, le fait de ne pas avoir de “à telle heure, il faut que tu sois levé le matin” et “à telle heure, le soir, il faut que tu aies fini”. Il y a certaines missions qui l’imposent, mais on va dire qu’il y a toujours une marche de manœuvre et je peux aussi choisir les projets sur lesquels je travaille. C’est quelque chose qui me plaît beaucoup et c’est ça qui me ferait aujourd’hui difficilement revenir vers du salariat, parce que c’est trop contraignant à mon sens à ce niveau là.

Freelance et gestion du temps

Est-ce que ce n’est pas quelque chose de compliqué, d’arriver à gérer son planning, d’arriver à s’appliquer une autodiscipline, parce que finalement, tu es livré à toi-même ? Il y a cette notion-là par rapport à du salariat où on a la sensation d’être un petit peu plus cadré, on va dire. Est-ce que toi, tu arrives à garder une certaine discipline pour être efficace tous les jours ?

Oui et non… Ça dépend, malgré les années, le développement, ça reste quand même quelque chose qui me plaît. Du coup, c’est vrai que même quand je travaille en dehors des horaires “normales”, c’est quelque chose que je fais parce que ça me fait plaisir. Si le projet ne me plait pas, je ne vais pas travailler dessus en dehors des horaires que je me suis fixé. Du coup, quand ça déborde, c’est parce que j’accepte que ça déborde.

Aujourd’hui, j’ai un petit peu plus de rigueur que par le passé, car il y a des moments où j’ai frôlé le burn-out car je passais par des phases de rush où je travaillais non stop du matin au soir pendant des semaines entières (week end compris). Avec le temps, j’ai appris à être un petit peu plus organisé, à me lever à une heure fixe, à mieux prévoir les délai pour éviter la superposition de projets, à moins me mettre la pression plus généralement. Mais je ne suis pas un modèle à ce niveau-là et je ne suis vraiment pas un super exemple.

Je dirais que pour les gens qui veulent vraiment avoir cette hygiène-là, il faut avoir une pièce dédiée. Dans mon cas, le problème, c’est que mon ordinateur se trouve dans ma pièce de vie classique ce qui peut rendre difficile la coupure travail / maison. Avoir un bureau peut permettre de mieux délimiter les moments de travail et les moments où tu déconnecte. Malgré tout, quand je vais faire une activité en dehors du dev, je coupe au maximum (j’essaie de ne pas penser ou discuter dev).

Après, tous ces points sont aussi vrai avec le télétravail (quelque soit le statut) et pour les gens qui suivent, je dirais que ce n’est pas parce que vous avez des expériences de personnes qui aiment vivre leur télétravail ou leur freelance à distance que c’est la norme. Certains peuvent préférer retourner au travail et être dans un bureau pour mieux couper et être dans un environnement différent. C’est une question de personnalité avant tout et tout le monde ne fonctionne pas de la même manière.

Statut juridique, comptabilité et gestion

Je m’interrogeais sur la partie administrative. Est-ce que ce n’est pas compliqué, toute cette partie ? Statut juridique, comptabilité, etc. Au final, en freelance on n’est pas simplement développeur on doit gérer son entreprise, gérer sa compta, gérer sa trésorerie, etc. Comment tu as appréhendé tout ça ? Est-ce que tu as fait au fur et à mesure ? Est-ce que c’est compliqué ?

Alors moi, c’était vraiment l’arrache… En auto-entrepreneur, c’est plutôt simple parce que finalement, vous faites des factures à des clients, vous enregistrez toutes ces factures, et mensuellement ou trimestriellement, vous devez déclarer comment vous avez gagné vous êtes taxé à 20% environ (La seule complexité est la déclaration de la TVA lorsque vous dépassez un certain pallier). En termes de démarche, ce n’est donc pas trop complexe, mis à part quelques questions à la création qui peuvent être un peu bizarres.

Après, quand je suis passé en EURL, c’était une autre paire de manches… Mais concrètement, j’ai rapidement compris que la création d’une entreprise ce n’est pas dans mon domaine de compétence et ce n’est pas non plus quelque chose qui m’intéresse. Du coup, je suis allé voir des comptables qui m’ont aidés sur toutes les démarches et aujourd’hui je ne m’occupe de quasiment rien. Dès que j’ai une problématique, par exemple le dépôt des comptes ou autre, je passe par quelqu’un qui le fait à ma place parce que je n’ai pas envie de le faire et je ne veux pas me tromper sur ce genre de choses. L’intérêt d’avoir une société, est que ces frais font partis des frais de fonctionnement de l’entreprise et cela permet de se focaliser sur mon domaine d’activité.

Au jour le jour, ce n’est pas très compliqué. La seule chose que vous avez à faire, c’est enregistrer tout ce que vous facturez et enregistrer tout ce que vous dépensez. Vous envoyez ça au comptable qui fait les bilans, les déclarations de TVA et les autres démarches nécessaires.

J’ai vu qu’il y a des neo-bank qui pouvaient s’occuper de ce genre de chose et est-ce que justement, toi, tu utilises des outils pour t’aider au quotidien et quels seraient ces outils,

Pour tout ce qui est facturation et suivi du temps, j’utilise harvest. J’aime bien cet outil parce qu’il intègre le suivi du temps ce qui me permet de mesurer le temps que je passe sur chaque projet vu que souvent, je jongle avec trois, quatre projets en même temps. Cela me permet de savoir, dans une journée, combien d’heures j’ai passé sur chaque projet.

Pour tout ce qui est comptabilité et dépôt des comptes, je ne suis pas forcément fan des outils en ligne (manque de confiance, peur des erreurs), je préfère passer par un vrai bureau comptable car ça me permet d’avoir une personne en face et de demander des conseils si c’est nécessaire. Pour avoir eu des problèmes avec l’URSSAF, le RSI et compagnie, avoir des personnes pour aider ça aide beaucoup à se dépêtrer.

Pour la gestion de projet au sein d’une entreprise, souvent, c’est l’entreprise qui a déjà mis en place des outils (Jira, Issue Github, Trello, Redmine…). C’est assez rare que moi, je mette en place mon propre outil de gestion. Je le faisais à un moment donné et dans ce cas-là, j’utilisais Trello.

Débuter en freelance

J’avais une question aussi sur la partie débutant parce qu’en fait tu as quand même une certaine expérience et puis une notoriété, mais est-ce que tu conseillerais, pour quelqu’un de plutôt débutant, de se lancer directement en freelance ? Est-ce qu’il y a finalement un “bon moment” pour se lancer dans le freelance ou est-ce qu’on peut le faire dès le début ?

Moi, personnellement, j’aurais tendance à déconseiller totalement le freelance en commencement parce que j’estime que, dans les premières années de carrière, on va beaucoup apprendre en équipe et ce serait très dommage, je trouve, de se mettre en freelance immédiatement. On pourrait acquérir de mauvaises pratiques, on ne va pas mélanger ses connaissances à celles des autres. Du coup, j’aurais tendance à dire de commencer avec un salariat pour justement se faire de l’expérience, voir un petit peu comment ça marche. A la limite on peut essayer de faire un peu de freelance le soir ou les week-ends, si vous êtes vraiment motivé, en prenant de tout petits projets, pour commencer à se faire une petite base client et aussi voir si ça vous plaît. Je trouve ça très chaud de se dire, en sortie de carrière, je vais être freelance.
Sauf peut-être si c’est pour lancer votre propre projet. Mais même ça, c’est très risqué.

En fait, le truc, c’est qu’il faut bien comprendre c’est qu’au début, vous allez avoir des revenus qui vont être très incertains. Le mieux, c’est d’avoir un peu de trésorerie pour encaisser ça au démarrage.

Comment est-ce que toi, au début de ta carrière, tu as réussi à trouver des missions ?

Mon expérience va être un peu particulier parce que grâce à Grafikart.fr j’ai une bonne visibilité et cela me permet de trouver des missions beaucoup plus facilement qu’un freelance classique. Je n’ai pas besoin de passer par une phase de démarchage. Par contre, quand j’ai cherché mes premières missions, j’ai eu l’impression que c’était assez aléatoire avec pas mal de missions trouvées par des amis d’amis. Pour vous donner quelques exemple

  • Quand j’étais en DUT, je faisais des sites pour une team de Counter-Strike et il y a quelqu’un qui dit, « Ah, tiens, moi, j’ai une entreprise, est-ce que tu peux me faire un site ? ».
  • Autre exemple, à Montpellier, au détour d’une discussion lors d’une sortie roller/skate : « Ah, moi, je travaille dans cette agence, on a besoin d’un dev, t’es freelance ? »

Donc moi, ça s’est arrivé comme ça, et je n’ai jamais eu à faire un démarchage actif. Et c’est pour ça que je n’ai pas forcément de super conseils à donner.

Comment définir son tarif ?

Question hyper importante, la question des tarifs et de l’argent. C’est forcément une question qu’on aborde quand on est en freelance. Comment on peut arriver à déterminer ses tarifs ? Particulièrement quand on commence, c’est toujours un peu difficile. Est-ce qu’on fonctionne au forfait ? Est-ce qu’on fonctionne à la journée, à l’heure, etc. ? Comment est-ce qu’on peut s’organiser quand on est freelance ?

Mon calcul, quand j’ai commencé, il était plutôt simple. Je calculais combien je voulais avoir en me basant sur le palier qui était de 32 000 euros par an à l’époque et je divisais ça par le nombre d’heures que je pouvais faire dans un mois, et ça me donnait un tarif horaire. Ensuite, quand le client arrive, j’évalue le temps que le projet pouvait me prendre, et je facturais comme ça.

Aujourd’hui, mon tarif horaire a augmenté au fur et à mesure et cette augmentation s’est faite un peu en mode “enchère” où je mettais en concurrence quand j’avais plusieurs proposition de projets. Du coup, c’est monté un peu progressivement comme ça. Sachant que c’est assez difficile, quand vous fixez un tarif horaire, ou même journalier, de le faire évoluer pour un même client au fil des années. C’est un peu difficile de lui dire d’une année sur l’autre, “au fait, ça a augmenté de 25%”.

Après, il n’y a pas vraiment de secret, c’est un calcul que vous devez faire en amont pour savoir combien vous voulez avoir en fin d’année, en fonction de vos dépenses. Après, il y a une autre solution qui est de se baser sur l’existant en allant sur des plateformes et de voir à peu près où en sont les tarifs pour se caler sur ces tarifs là.

Quand on est freelance, ce qui prédomine, c’est le principe de l’offre et de la demande. Plus vous avez un profil qui est recherché, plus vous pouvez faire monter les tarifs, et inversement, c’est toujours en fonction du marché. Actuellement, pour mon profil, par exemple, je suis à 700€ par jours hors taxe.

Après ça va dépendre, certains client vont demander une disponibilité sur une période donnée avec un certains nombres de jours par semaine. Ils prennent alors le tarif journalier et c’est à eux d’organiser les tâche et à remplir ces journées. Pendant ces journées j’agis comme si j’étais salarié pour eux.

J’ai aussi des missions qui sont un petit peu différentes où là, le client arrive avec un projet. Dans ce cas là c’est à moi d’évaluer combien de temps le projet va me prendre pour faire un devis. Le tarif ne correspondra donc pas exactement aux heures effectives.

Et tu ne te trompe pas trop sur tes estimations ?

C’est là où c’est le plus difficile ! Au début, vous allez forcément vous tromper et vous allez avoir tendance à sous-estimer le temps passé. C’est assez difficile parce que certains clients vont parfois être assez vague dans leur demande et une tâche peut rapidement s’avérer plus complexe que ce qui était initialement prévu (et prendre plus de temps que prévu). Avec l’expérience c’est quelque chose que j’ai appris à détecter à la manière qu’ils ont de rédiger les tâches.

  • Si les tâches, elles sont super carrées, on sait qu’en termes de retour, s’il y a des trucs à refaire, c’est que c’est moi qui ai merdé ou le code ne fonctionne pas.
  • Si les demandes sont plus abstraites et mal définie et tout, vous pouvez facilement doubler le temps. Il est important dans ce cas là de communiquer avec le client pour mieux spécifier le cadre de la demande.

Dans un premier temps, pour remporter les missions, on a tendance à chiffrer un peu en dessous, mais, avec le temps, on affine son estimation du temps. D’ailleurs, une petite astuce que je peux vous donner si vous débuter est que les clients préfèrent avoir un tarif horaire faible avec plus d’heures plutôt qu’un tarif horaire fort avec moins d’heures. Il vaut mieux facturer 3 jours à 300 euros plutôt qu’un jour à 900. C’est bête, mais psychologiquement, ça fonctionne et ils ont l’impression d’y gagner (donc si vous êtes dans une négociation difficile cela peut être un moyen de faire passer un devis).

Est-ce qu’en tant que freelance, il faut nécessairement se vendre sur les réseaux sociaux et créer son “personal branding” ? Parce que toi, t’es bien placé pour le savoir, vu que, indirectement, c’est ce que tu as fait au travers de Grafikart.fr. Est-ce que tu penses que c’est quelque chose aujourd’hui de nécessaire ?

Personnellement, Je n’ai jamais été sur aucune plateforme de freelance. Mon profil de freelance n’est pas forcément lié à Grafikart. Même si certaines missions, je les obtiens grâce à la renommée du site il y a pas mal de missions qui ne sont pas forcément liées à cela. Avoir une présence en ligne peut aider effectivement, pour être trouvé mais ce n’est pas forcément évident de se démarquer de la masse. De mon côté, je suis plutôt en sous-marin, mais c’est parce que je n’aime pas du tout les réseaux sociaux et je n’aime pas y consacrer du temps.

La problématique, côté client, et d’être capable de faire la différences entre plusieurs profils de développeurs surtout que ce n’est pas forcément évident de juger de sa capacité simplement en regardant un portfolio (sauf si le porfolio est complètement cassé, dans ce cas-là, ça donne déjà une mauvaise image).